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TABLEAU DE LA FRANCE

recueillis. Cependant cette ville a toujours décliné. Lyon l’a bientôt remplacée dans la primatie des Gaules ; le royaume de Bourgogne, dont elle fut la capitale, a passé rapide et obscur ; ses grandes familles se sont éteintes.

Quand de la côte et des pâturages d’Arles on monte aux collines d’Avignon, puis aux montagnes qui approchent des Alpes, on s’explique la ruine de la Provence. Ce pays tout excentrique n’a de grandes villes qu’à ses frontières. Ces villes étaient en grande partie des colonies étrangères ; la partie vraiment provençale était la moins puissante. Les comtes de Toulouse finirent par s’emparer du Rhône, les Catalans de la côte et des ports ; les Baux, les Provençaux indigènes, qui avaient jadis délivré le pays des Maures, eurent Forcalquier, Sisteron, c’est-à-dire l’intérieur. Ainsi allaient en pièces les États du Midi, jusqu’à ce que vinrent les Français qui renversèrent Toulouse, rejetèrent les Catalans en Espagne, unirent les Provençaux, et les menèrent à la conquête de Naples. Ce fut la fin des destinées de la Provence. Elle s’endormit avec Naples sous un même maître. Rome prêta son pape à Avignon ; les richesses et les scandales abondèrent. La religion était bien malade dans ces contrées, surtout depuis les Albigeois ; elle fut tuée par la présence des papes. En même temps s’affaiblissaient et venaient à rien les vieilles libertés des municipes du Midi. La liberté romaine et la religion romaine, la république et le christianisme, l’antiquité et le moyen âge, s’y éteignaient en même temps. Avignon fut le théâtre de