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HISTOIRE DE FRANCE

roi de France. Lorsqu’il fallut l’enterrer, la fosse se trouva trop étroite et le corps creva. Il dépensait pour sa table des sommes énormes (Gazas ecclesiasticas conviviis profusioribus insumebat, Guill. Malmsb., l. III, ap. Scr. fr. XI, 188). Les auteurs de l’Art de vérifier les Dates (XIII, 15) rapportent de lui, d’après une chronique manuscrite, un trait de violence singulière. Lorsque Baudoin de Flandre lui refusa sa fille Mathilde, « il passa jusques en la chambre de la comtesse ; il trouva la fille au comte, si la prist par les trèces, si la traisna parmi la chambre et défoula à ses piés. » — Son fils aîné Robert était surnommé Courte-Heuse, ou Bas-Court (Order. Vit., ap. Scr. fr. XII, 596 : … facie obesa, corpore pingui, brevique statura, unde vulgo Gambaron cognominatus est, et Brevis-ocrea) ; il se laissait ruiner par les histrions et les prostituées (ibid., p. 602 : Histrionibus et parasitis ac meretricibus ; item, p. 681). — Le second fils du Conquérant, Guillaume-le-Roux, était de petite taille et fort replet ; il avait les cheveux blonds et plats, et le visage couperosé (Lingard, t. II de la trad., p. 167). « Quand il mourut, dit Orderic Vital, ce fut la ruine des routiers, des débauchés et des filles publiques, et bien des cloches ne sonnèrent pas pour lui, qui avaient retenti longtemps pour des indigents ou de pauvres femmes » (Scr. rer. fr. XII, 679). — Ibid. « Legitimam conjugem nunquam habuit ; sed obscœnis fornicationibus et frequentibus mœchiis inexplebiliter inhæsit. » P. 635 : « Protervus et lascivus. » P. 624 : « Erga Deum et ecclesiæ frequentationem cultumque frigidus extitit. » — Suger, ibid., p. 12 : « Lasciviæ et animi desideriis deditus… Ecclesiarum crudelis exactor, etc. » — Huntingd., p. 216 : « Luxuriæ scelus tacendum exercebat, non occulte, sed ex impudentia coram sole, etc. » — Henri Beauclerc, son jeune frère, eut de ses nombreuses maîtresses plus de quinze bâtards. Suivant plusieurs écrivains, sa mort fut causée par sa voracité en mangeant un plat de lamproies (Lingard, II, 241). Ses fils, Guillaume et Richard, se souillaient des plus infâmes débauches. (Huntingd., p. 218 : « Sodomitica tabe dicebantur, et erant irretiti. » Gervas., p. 1339 : « Luxuriæ et libidinis omni tabe maculati. » Glaber (ap. Scr. fr. X, 51) remarque que dès leur arrivée dans les Gaules, les Normands eurent presque toujours pour princes des bâtards. — Les Plantagenets semblèrent continuer cette race souillée. Henri II était roux, défiguré par la grosseur énorme de son ventre, mais toujours à cheval et à la chasse. (Petr. Bles., p. 98.) Il était, dit son secrétaire, plus violent qu’un lion (Leo et leone truculentior, dum vehementius excandescit, p. 75) ; ses yeux bleus se remplissaient alors de sang, son teint s’animait, sa voix