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HISTOIRE DE FRANCE

qui allaient en pèlerinage à Jérusalem, vinrent lui demander de leur faire voir le saint roy ; — « Je alai au roy là où il se séoit en un paveillon, apuié à l’estache (colonne) du paveillon, et séoit ou sablon sanz tapiz et sanz nulle autre chose dezouz li. Je li dis : « Sire, il a là hors un grant peuple de la grant Herménie qui vont en Jérusalem, et me proient, sire, que je leur face monstrer le saint roy ; mès je ne bée jà à baisier vos (cependant je ne désire pas encore avoir à baiser vos reliques). » Et il rist moult clèrement, et me dit que je les alasse querre ; et si fis-je. Et quant ils orent veu le roy, ils le commandèrent à Dieu et le roy eulz[1]. »

Cette sainteté apparaît d’une manière bien touchante dans les dernières paroles qu’il écrivit pour sa fille : « Chière fille, la mesure par laquele nous devons Dieu amer, est amer le sanz mesure[2]. »

Et dans l’instruction à son fils Philippe :

« Se il avient que aucune querele qui soit meue entre riche et povre viegne devant toi, sostien la querele de l’estrange devant ton conseil, ne montre pas que tu aimmes mout ta querele, jusques à tant que tu connoisses la vérité, car cil de ton conseil pourroient estre cremetus (craintifs) de parler contre toi, et ce ne dois tu pas vouloir. Et se tu entens que tu tiegnes nule chose à tort, ou de ton tens, ou du tens à tes ancesseurs, fai le tantost rendre, combien que la chose soit grant, ou en terre, ou en deniers, ou en

  1. Joinville.
  2. Le Confesseur.