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LOUIS IX

voir la sainte couronne d’épines venue de Constantinople. Aux jours solennels, il la tirait lui-même de la châsse et la montrait au peuple. À son insu, il habituait le peuple à voir le roi se passer des prêtres. Ainsi David prenait lui-même sur la table les pains de proposition. On montre encore, au midi de la petite église, une étroite cellule qu’on croit avoir été l’oratoire de saint Louis.

Dès le vivant de saint Louis, ses contemporains, dans leur simplicité, s’étaient doutés qu’il était déjà saint, et plus saint que les prêtres. « Tant com il vivoit, une parole pooit estre dite de li, qui est escrite de saint Hylaire : « O quant très parfèt homme lai, duquel les prestres méesmes désirrent à s’ensivre la vie ! » Car mout de prestres et de prélaz desirroient estre semblables au beneoit roi en ses vertuz et en ses meurs ; car l’on croit méesmement que il fust saint dès que il vivoit[1]. »

Tandis que saint Louis enterrait les morts, « iluecques estoient présens tous revestu, li arcevesques de Sur et li évesques de Damiète, et leur clergié, qui disoient le service des mors ; mès ils estoupoient leur nez pour la puour ; mais onques ne fu veu au bon roy Loys estouper le sien, tant le faisoit fermement et dévotement[2]. »

Joinville raconte qu’un grand nombre d’Arméniens

  1. Le Confesseur. — « Il fesait fère le service Dieu si solempnellement et si par loisir, que il ennuioit ausi comme à touz les autres pour la longueur de l’ofice. »
  2. Guill. de Nangis.