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HISTOIRE DE FRANCE

enlevaient toujours quelqu’un. Point d’arbres, point de nourriture végétale ; pour eau, des mares infectes, des citernes pleines d’insectes rebutants. En huit jours la peste avait éclaté ; les comtes de Vendôme, de la Marche, de Viane, Gaultier de Nemours, maréchal de France ; les sires de Montmorency, de Piennes, de Brissac, de Saint-Briçon, d’Apremont, étaient déjà morts. Le légat les suivit bientôt. N’ayant plus la force de les ensevelir, on les jetait dans le canal, et les eaux en étaient couvertes. Cependant le roi et ses fils étaient eux-mêmes malades : le plus jeune mourut sur son vaisseau, et ce ne fut que huit jours après que le confesseur de saint Louis prit sur lui de le lui apprendre. C’était le plus chéri de ses enfants ; sa mort, annoncée à un père mourant, était pour celui-ci une attache de moins à la terre, un appel de Dieu, une tentation de mourir. Aussi, sans trouble et sans regret, accomplit-il cette dernière œuvre de la vie chrétienne, répondant les litanies et les psaumes, dictant pour son fils une belle et touchante instruction, accueillant même les ambassadeurs des Grecs, qui venaient le prier d’intervenir en leur faveur auprès de son frère Charles d’Anjou, dont l’ambition les menaçait. Il leur parla avec bonté, il leur promit de s’employer avec zèle, s’il vivait, pour leur conserver la paix ; mais, dès le lendemain, il entra lui-même dans la paix de Dieu.


Dans cette dernière nuit, il voulut être tiré de son lit et étendu sur la cendre. Il y mourut, tenant toujours les bras en croix. « Et el jour, le lundi, li benoiez rois