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LOUIS IX

devait rentrer en possession de toute sa puissance, sauf les chartes et louables coutumes du royaume d’Angleterre antérieures aux statuts d’Oxford (1264).

Aussi les confédérés ne prirent cette sentence arbitrale que comme un signal de guerre. Simon de Montfort eut recours à un moyen extrême. Il intéressa les villes à la guerre, en introduisant leurs représentants dans le Parlement. Étrange destinée de cette famille ! Au douzième siècle, un des ancêtres de Montfort avait conseillé à Louis-le-Gros, après la bataille de Brenneville, d’armer les milices communales. Son père, l’exterminateur des Albigeois, avait détruit les municipes du midi de la France. Lui, il appela les communes d’Angleterre à la participation des droits politiques, essayant toutefois d’associer la religion à ses projets, et de faire de cette guerre une croisade[1].

Quelque consciencieuse et impartiale que fût la décision de saint Louis, elle était téméraire, ce semble ; l’avenir devait juger ce jugement. C’était la première fois qu’il sortait de cette réserve qu’il s’était jusqu’alors imposée. Sans doute, à cette époque, l’influence du clergé d’une part, de l’autre celle des légistes, le préoccupaient de l’idée du droit absolu de la royauté. Cette grande et subite puissance de la France, pendant les discordes et l’abaissement de l’Angleterre et de l’Empire, était une tentation. Elle portait Louis à quitter peu à peu le rôle de médiateur

  1. La veille de la bataille de Lewes, il ordonna à chaque soldat de s’attacher une croix blanche sur la poitrine et sur l’épaule, et d’employer le soir suivant à des actes de religion.