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LOUIS IX

d’exécuter sa retraite par terre, tandis que les malades étaient embarqués sur le Nil. Sa faiblesse était telle, qu’on fut bientôt obligé de le faire entrer dans une petite maison et de le déposer sur les genoux d’une bourgeoise de Paris, qui se trouvait là.

Cependant les chrétiens s’étaient vus bientôt arrêtés par les Sarrasins, qui les suivaient par terre et les attendaient dans le fleuve. Un immense massacre commença ; ils déclarèrent en vain qu’ils voulaient se rendre ; les Sarrasins ne craignaient autre chose que le grand nombre des prisonniers : ils les faisaient donc entrer dans un clos, leur demandaient s’ils voulaient renier le Christ. Un grand nombre obéit, entre autres tous les mariniers de Joinville.

Cependant le roi et les prisonniers de marque avaient été réservés. Le sultan ne voulait pas les délivrer, à moins qu’ils ne rendissent Jérusalem ; ils objectèrent que cette ville était à l’empereur d’Allemagne, et offrirent Damiette avec quatre cent mille besans d’or. Le sultan avait consenti, lorsque les mameluks, auxquels il devait sa victoire, se révoltent et l’égorgent au pied des galères où les Français étaient détenus. Le danger était grand pour ceux-ci ;

    donner ses troupes. » (Aboul-Mahassen.) — En revenant de l’île de Chypre, le vaisseau de saint Louis toucha sur un rocher, et trois toises de la quille furent emportées. On conseilla au roi de le quitter. « A ce respondi le roy : Seigneurs, je vois que se je descens de ceste nef, que elle sera de refus, et voy que il a céans huit cents personnes et plus ; et pour ce que chascun aime autretant sa vie comme je fais la moie, n’oseroit nulz demourez en ceste nef, ainçois demourroient en Cypre ; parquoy, se Dieu plaît, je ne mettrai ja tant de gent comme il a céans en péril de mort ; ainçois demourrai céans pour mon peuple sauver. » (Joinville.)