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LOUIS IX

Louis ne songeait guère à acquérir. Il s’occupait bien plutôt à légitimer les acquisitions de ses pères. Il essaya inutilement de se réconcilier l’Angleterre par une restitution partielle. Il interrogea même les évêques de Normandie pour se rassurer sur le droit qu’il pouvait avoir à la possession de cette province. Il dédommagea par une somme d’argent le vicomte Trencavel, héritier de Nîmes et Béziers. Il l’emmena à la croisade, avec tous les faidits, les proscrits de la guerre des Albigeois, tous ceux que l’établissement des compagnons de Montfort avait privés de leur patrimoine. Ainsi il faisait de la guerre sainte une expiation, une réconciliation universelle.

Ce n’était pas une simple guerre, une expédition, que saint Louis projetait, mais la fondation d’une grande colonie en Égypte. On pensait alors, non sans vraisemblance, que pour conquérir et posséder la terre sainte, il fallait avoir l’Égypte pour point d’appui. Aussi il avait emporté une grande quantité d’instruments de labourage et d’outils de toute espèce[1]. Pour faciliter les communications régulières, il voulut avoir un port à lui sur la Méditerranée ; ceux de Provence étaient à son frère Charles d’Anjou : il fit creuser celui d’Aigues-Mortes.

Il cingla d’abord vers Chypre, où l’attendaient d’immenses approvisionnements[2]. Là il s’arrêta, et

  1. « Ligones, tridentes, trahas, vomeres, aratra, etc. » (Math. Paris.)
  2. Joinville : « Et quant on les véoit il sembloit que ce fussent montaingnes ; car la pluie qui avoit batu les blez de lonc-temps, les avoit fait germer par desus, si que il n’i paroit que l’erbe vert. »