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HISTOIRE DE FRANCE

son ennemi, qui avait juré de laisser pousser ses cheveux jusqu’à ce qu’il eût vengé son outrage, se les fit couper solennellement devant tous les barons, et déclara qu’il en avait assez.

En cette occasion, comme en toutes, Louis montrait la modération d’un saint et d’un politique. Un baron n’ayant voulu se rendre qu’après en avoir obtenu l’autorisation de son seigneur, le roi d’Angleterre, Louis lui en sut gré, et lui remit son château sans autre garantie que son serment[1]. Mais afin de sauver de la tentation du parjure ceux qui tenaient des fiefs de lui et d’Henri, il leur déclara, aux termes de l’Évangile, qu’on ne pouvait servir deux maîtres, et leur permit d’opter librement[2]. Il eût voulu, pour ôter toute cause de guerre, obtenir d’Henri la cession expresse de la Normandie ; à ce prix, il lui eût rendu le Poitou.

Telles étaient la prudence et la modération du roi. Il n’imposa pas à Raymond d’autres conditions que celles du traité de Paris, qu’il avait signé quatorze ans auparavant.

Cependant la catastrophe tant redoutée avait lieu en Orient. Une aile de la prodigieuse armée des Mongols avait poussé vers Bagdad (1258) ; une autre entrait en Russie, en Pologne, en Hongrie. Les Karismiens, précurseurs des Mongols, avaient envahi la terre sainte ; ils avaient remporté à Gaza, malgré l’union des chrétiens et des musulmans, une sanglante victoire.

  1. Math. Paris.
  2. Id.