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LOUIS IX

La régente osa alors défier le comte de Bretagne et le somma de comparaître devant les pairs. Ce tribunal des douze pairs, calqué sur le nombre mystique des douze apôtres et sur les traditions poétiques des romans carlovingiens, n’était point une institution fixe et régulière. Rien n’était plus commode pour les rois. Cette fois, les pairs se trouvèrent l’archevêque de Sens, les évêques de Chartres et de Paris, les comtes de Flandre, de Champagne, de Nevers, de Blois, de Chartres, de Montfort, de Vendôme, les seigneurs de Coucy et de Montmorency, et beaucoup d’autres barons et chevaliers.

Leur sentence n’aurait pas fait grand’chose, si Mauclerc eût été mieux soutenu par les Anglais et par les barons. Ceux-ci traitèrent séparément avec la régente. Toute la haine des seigneurs, forcés de céder à Blanche, retomba sur le comte de Champagne ; il fut obligé de se réfugier à Paris, et ne rentra dans ses domaines qu’en promettant de prendre la croix en expiation de la mort de Louis VIII ; c’était s’avouer coupable.

Tout le mouvement qui avait troublé la France du Nord, s’écoula pour ainsi dire vers le Midi et l’Orient. Les deux chefs opposés, Thibault et Mauclerc, furent éloignés par des circonstances nouvelles, et laissèrent le royaume en paix. Thibault se trouva roi de Navarre par la mort du père de sa femme ; il vendit à la régente Chartres, Blois, Sancerre et Châteaudun. Une noblesse innombrable le suivit. Le roi d’Aragon, qui, à la même époque, commençait sa croisade contre