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LOUIS IX

faut pourtant se rappeler combien toute circonstance favorisait alors les progrès du pouvoir royal. La royauté n’avait qu’à se laisser aller, le fil de l’eau la portait. La mort de Philippe-Auguste n’y avait rien changé (1218). Son fils, le faible et maladif Louis VIII, nommé, ce semble ironiquement, Louis-le-Lion, ne joua pas moins le rôle d’un conquérant. Il échoua en Angleterre, il est vrai, mais il prit aux Anglais le Poitou. En Flandre, il maintint la comtesse Jeanne, lui rendant le service de garder son mari prisonnier à la tour du Louvre. Cette Jeanne était fille de Beaudoin, le premier empereur de Constantinople, qu’on croyait tué par les Bulgares. Un jour le voilà qui reparaît en Flandre ; sa fille refuse de le reconnaître, mais le peuple l’accueille, et elle est obligée de fuir près de Louis VIII, qui la ramène avec une armée. Le vieillard ne pouvait répondre à certaines questions ; et vingt ans d’une dure captivité pouvaient bien avoir altéré sa mémoire. Il passa pour imposteur, et la comtesse le fit périr. Tout le peuple la regarda comme parricide.

La Flandre se trouvait ainsi soumise à l’influence française ; il en fut bientôt de même du Languedoc. Louis VIII y était appelé par l’Église contre les Albigeois, qui reparaissaient sous Raymond VII. D’autre part, une bonne partie des méridionaux désirait finir à tout prix, par l’intervention de la France, cette guerre de tigres qui se faisait chez eux depuis si longtemps. Louis avait prouvé sa douceur et sa loyauté au siège de