Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/414

Cette page a été validée par deux contributeurs.
404
HISTOIRE DE FRANCE

longs, jambe maigre, pied petit, de chair peu ou point[1]. » Il avait vingt-cinq ans lorsqu’une vision le convertit. Il monte à cheval, va vendre ses étoffes à Foligno, en rapporte le prix à un vieux prêtre, et sur son refus, jette l’argent par la croisée. Il veut du moins rester avec le prêtre, mais son père le poursuit ; il se sauve, vit un mois dans un trou ; son père le rattrape, le charge de coups ; le peuple le poursuit à coups de pierres. Les siens l’obligent de renoncer juridiquement à tout son bien en présence de l’évêque. C’était sa plus grande joie ; il rend à son père tous ses habits, sans garder même un caleçon : l’évêque lui jette son manteau.

Le voilà lancé sur la terre ; il parcourt les forêts en chantant les louanges du Créateur. Des voleurs l’arrêtent et lui demandent qui il est : « Je suis, dit-il, le héraut qui proclame le grand roi. » Ils le plongent dans une fondrière pleine de neige ; nouvelle joie pour le saint ; il s’en tire et poursuit sa route. Les oiseaux chantent avec lui ; il les prêche, ils écoutent : « Oiseaux, mes frères, disait-il, n’aimez-vous pas votre Créateur, qui vous donne ailes et plumes et tout ce qu’il vous faut ? » Puis, satisfait de leur docilité, il les bénit et leur permet de s’envoler[2]. Il exhortait ainsi toutes les créatures à louer et remercier Dieu. Il

  1. Vie de saint François, par Thomas de Cellano. (Thomas de Cellano fut son disciple, et écrivit deux fois sa vie, par ordre de Grégoire IX.)
  2. Th. Cellan. : « Fratres mei aves, multum debetis laudare Creatorem, etc… » Un jour que des hirondelles l’empêchaient de prêcher par leur ramage, il les pria de se taire : « Sorores meæ hirundines, etc. » Elles obéirent aussitôt.