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HISTOIRE DE FRANCE

chevaliers firent plusieurs charges, que dans l’une le roi de France courut risque de la vie ; il fut tiré à terre par des fantassins armés de crochets. L’empereur Othon eut son cheval blessé par Guillaume des Barres, ce frère de Simon de Montfort, l’adversaire de Richard Cœur-de-Lion, et fut emporté dans la déroute des siens. La gloire du courage, mais non pas la victoire, resta aux routiers brabançons ; ces vieux soldats, au nombre de cinq cents, ne voulurent pas se rendre aux Français, et se firent plutôt tuer. Les chevaliers s’obstinèrent moins, ils furent pris en grand nombre ; sous ces lourdes armures, un homme démonté était pris sans remède. Cinq comtes tombèrent entre les mains de Philippe-Auguste, ceux de Flandre, de Boulogne, de Salisbury, de Tecklembourg et de Dortmund. Les deux premiers, n’étant point rachetés par les leurs, restèrent prisonniers de Philippe. Il donna d’autres prisonniers à rançonner aux milices des communes qui avaient pris part au combat.

Jean ne fut pas plus heureux dans le Midi qu’Othon dans le Nord ; il eut d’abord de rapides succès sur la Loire ; il prit Saint-Florent, Ancenis, Angers. Mais à peine les deux armées furent en présence, qu’une terreur panique leur fit tourner le dos en même temps. Jean perdit plus vite qu’il n’avait gagné. Les Aquitains firent à Louis tout aussi bon accueil qu’ils avaient fait à Jean ; il se tint heureux que le pape lui obtînt une trêve pour soixante mille marcs d’argent, et il repassa en Angleterre, vaincu, ruiné, sans ressource. L’occasion était belle pour les barons ; ils la saisirent. Au