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HISTOIRE DE FRANCE

toutes ses espérances avec la bataille de Muret et la mort du roi d’Aragon (12 septembre 1213). Celui d’Angleterre dut se repentir d’avoir laissé écraser les Albigeois, qui auraient été ses meilleurs alliés. Il en chercha d’autres en Espagne, en Afrique ; il s’adressa, dit-on, aux mahométans, au chef même des Almohades[1], aimant mieux se damner et se donner au diable qu’à l’Église.

Cependant il achetait une nouvelle armée (la sienne l’avait encore abandonné à la dernière campagne) ; il envoyait des subsides à son neveu Othon, et soulevait tous les princes de Belgique. Au cœur de l’hiver (vers le 15 février 1214), il passa la mer et débarqua à La Rochelle. Il devait attaquer Philippe par le Midi, tandis que les Allemands et les Flamands tomberaient sur lui du côté du Nord. Le moment était bien choisi ; les Poitevins, déjà las du joug de la France, vinrent en foule se ranger autour de Jean. D’autre part, les seigneurs du Nord étaient alarmés des progrès de la puissance du roi. Le comte de Boulogne avait été dépouillé par lui des cinq comtés qu’il possédait. Le comte de Flandre redemandait en vain Aire et Saint-Omer. La dernière campagne avait porté au comble la haine des Flamands contre les Français. Les comtes de Limbourg, de Hollande, de Louvain, étaient entrés dans cette ligue, quoique le dernier fût gendre de Philippe. Il y avait encore Hugues de Boves, le plus célèbre des chefs de routiers ; enfin, le pauvre empereur de

  1. Math. Paris.