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GUERRE DES ALBIGEOIS

tera en quoi que ce soit. Quand le comte Raymond aura fait et accompli tout ce que dessus, il s’en ira outre-mer pour faire la guerre aux Turcs et infidèles dans l’ordre de Saint-Jean, sans jamais en revenir que le légat ne le lui ait mandé. Quand il aura fait et accompli tout ce que dessus, toutes ses terres et seigneuries lui seront rendues et livrées par le légat ou le comte de Montfort, quand il leur plaira[1]. »

C’était la guerre qu’une telle paix. Montfort n’attaquait pas encore Toulouse. Mais son homme, Folquet, autrefois troubadour, maintenant évêque de Toulouse, aussi furieux dans le fanatisme et la vengeance qu’il l’avait été autrefois dans le plaisir, travaillait dans cette ville pour la croisade. Il y organisait le parti catholique sous le nom de Compagnie blanche. La compagnie s’arma malgré le comte pour secourir Montfort qui assiégeait le château de Lavaur[2]. Ce refus de secours fut le prétexte dont celui-ci se servit pour assiéger Toulouse. Il voulait profiter d’une armée de croisés qui venait d’arriver des Pays-Bas et de l’Alle-

  1. « A la prise de Lavaur, dit le moine de Vaux-Cernay, on entraîna hors du château Aimery, seigneur de Montréal, et d’autres chevaliers, jusqu’au nombre de quatre-vingts. Le noble comte ordonna aussitôt qu’on les suspendit tous à des potences ; mais dès qu’Aimery, qui était le plus grand d’entre eux, eût été pendu, les potences tombèrent, car, dans la grande hâte où l’on était, on ne les avait pas suffisamment fixées en terre. Le comte, voyant que cela entraînerait un grand retard, ordonna qu’on égorgeât les autres ; et les pèlerins, recevant cet ordre avec la plus grande avidité, les eurent bientôt tous massacrés en ce même lieu. La dame du château, qui était sœur d’Aimery et hérétique exécrable, fut, par l’ordre du comte, jetée dans un puits que l’on combla de pierres ; ensuite nos pèlerins rassemblèrent les innombrables hérétiques que contenait le château, et les brûlèrent vifs avec une joie extrême. »
  2. Chron. Langued.