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GUERRE DES ALBIGEOIS

qu’on brûla, il y en avait un qui déclara vouloir se convertir ; Montfort insista pour qu’il fût brûlé[1] ; il est vrai que les flammes refusèrent de le toucher et ne firent que consumer ses liens.

Il était visible qu’après s’être emparé de tant de lieux forts dans les montagnes, Montfort reviendrait vers la plaine et attaquerait Toulouse. Le comte, dans son effroi, s’adressait à tout le monde, à l’empereur, au roi d’Angleterre, au roi de France, au roi d’Aragon. Les deux premiers, menacés par l’Église et la France, ne pouvaient le secourir. L’Espagne était occupée des progrès des Maures. Philippe-Auguste écrivit au pape. Le roi d’Aragon en fit autant et essaya de gagner Montfort lui-même. Il consentait à recevoir son hommage pour les domaines du vicomte de Béziers, et pour l’assurer de sa bonne foi il lui confiait son propre fils. En même temps, ce prince généreux, voulant montrer qu’il s’associait sans réserve à la fortune du comte de Toulouse, lui donna une de ses sœurs en mariage, l’autre au jeune fils du comte, qui fut depuis Raymond VII. Il alla lui-même intercéder pour le comte au concile d’Arles. Mais ces prêtres n’avaient pas d’entrailles. Les deux princes furent obligés de s’enfuir de la ville, sans prendre congé des évêques, qui voulaient les faire arrêter. Voici le traité dérisoire auquel ils voulaient que Raymond se soumit :

« Premièrement, le comte donnera congé incontinent à tous ceux qui sont venus lui porter aide et

  1. « S’il ment, dit Montfort, il n’aura que ce qu’il mérite ; s’il veut réellement se convertir, le feu expiera ses péchés. » (Pierre de Vaux-Cernay.)