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HISTOIRE DE FRANCE

marcs d’argent ; de plus, il fallut qu’ôtant son chapeau de sa tête, Richard lui fît hommage, dans une diète de l’Empire. Henri lui concéda en retour le titre dérisoire du royaume d’Arles. Le héros revint chez lui (1194), après une captivité de treize mois, roi d’Arles, vassal de l’Empire et ruiné. Il lui suffit de paraître pour réduire Jean et repousser Philippe. Ses dernières années s’écoulèrent sans gloire dans une alternative de trêves et de petites guerres. Cependant les comtes de Bretagne, de Flandre, de Boulogne, de Champagne et de Blois étaient pour lui contre Philippe. Il périt au siège de Chaluz, dont il voulait forcer le seigneur à lui livrer un trésor (1199)[1]. Jean lui succéda, quoiqu’il eût désigné pour son héritier le jeune Arthur, son neveu, duc de Bretagne.

Cette période ne fut pas plus glorieuse pour Philippe. Les grands vassaux étaient jaloux de son agrandissement ; et il s’était imprudemment brouillé avec le pape, dont l’amitié avait élevé si haut sa maison. Philippe, qui avait épousé une princesse danoise dans l’unique espoir d’obtenir contre Richard une diversion des Danois, prit en dégoût la jeune barbare dès le jour des noces ; n’ayant plus besoin du secours de son père, il la répudia pour épouser Agnès de Méranie de la maison de Franche-Comté. Ce mal-

  1. telum limogiæ
    occiddit leonem angliæ.

    Une religieuse de Kenterbury fit à Richard cette épitaphe :

    « L’avarice, l’adultère, le désir aveugle ont régné dix ans sur le trône d’Angleterre ; une arbalète les a détrônés. » (Rog. de Hoveden.)