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INNOCENT III

roi Lusignan à la bataille de Tibériade[1], et s’empara de la ville sainte. Son humanité pour ses captifs contrastait, d’une manière frappante, avec la dureté des chrétiens d’Asie pour leurs frères. Tandis que ceux de Tripoli fermaient leurs portes aux fugitifs de Jérusalem, Saladin employait l’argent qui restait des dépenses du siège à la délivrance des pauvres et des orphelins qui se trouvaient entre les mains de ses soldats ; son frère, Malek-Adhel, en délivra pour sa part deux mille.

La France avait, presque seule, accompli la première croisade. L’Allemagne avait puissamment contribué à la seconde. La troisième fut populaire surtout en Angleterre. Mais le roi Richard n’emmena que des chevaliers et des soldats, point d’hommes inutiles, comme dans les premières croisades. Le roi de France en fit autant, et tous deux passèrent sur des vaisseaux génois et marseillais. Cependant, l’empereur Frédéric-Barberousse était déjà parti par le chemin de terre avec une grande et formidable armée. Il voulait relever sa réputation militaire et religieuse, compromise par ses guerres d’Italie. Les difficultés auxquelles avaient succombé Conrad et Louis VII, dans l’Asie Mineure, Frédéric les surmonta. Ce héros, déjà vieux et fatigué de tant de malheurs, triompha encore et de la nature et de la perfidie des Grecs, et des embûches du sultan

  1. Avec Lusignan furent faits prisonniers le prince d’Antioche, le marquis de Montferrat, le comte d’Édesse, le connétable du royaume, les grands maîtres du Temple et de Jérusalem, et presque toute la noblesse de la terre sainte.