l’achever. Aucune parure ne lui va mieux que la mort. Un moment avant que les meurtriers n’eussent frappé, les partisans de Thomas étaient las et refroidis, le peuple doutait, Rome hésitait. Dès qu’il eut été touché du fer, inauguré de son sang, couronné de son martyre, il se trouva d’un coup grandi de Kenterbury jusqu’au ciel. « Il fut roi », comme avaient dit les meurtriers, répétant, sans le savoir, le mot de la Passion. Tout le monde fut d’accord sur lui, le peuple, les rois, le pape. Rome qui l’avait délaissé, le proclama saint et martyr. Les Normands qui l’avaient tué, reçurent à Westminster les bulles de canonisation, pleins d’une componction hypocrite et pleurant à chaudes larmes.
Au moment même du meurtre, lorsque les assassins pillèrent la maison épiscopale, et qu’ils trouvèrent dans les habits de l’archevêque les rudes cilices dont il mortifiait sa chair, ils furent consternés ; ils se disaient tout bas, comme le centurion de l’Évangile : « Véritablement, cet homme était un juste. » Dans les récits de sa mort, tout le peuple s’accordait à dire que jamais martyr n’avait reproduit plus complètement la Passion du Sauveur. S’il y avait des différences, on les mettait à l’avantage de Thomas. « Le Christ, dit un contemporain, a été mis à mort hors de la ville, dans un lieu profane et dans un jour que les Juifs ne tenaient pas pour sacré ; Thomas a péri dans l’église même, et dans la semaine de Noël, le jour des Saints-Innocents. »
Le roi Henri se trouvait dans un grand danger ; tout le monde lui attribuait le meurtre. Le roi de France, le