Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 2.djvu/285

Cette page a été validée par deux contributeurs.
275
LOUIS-LE-JEUNE ET HENRI II (PLANTAGENET)

emprisonnant, les mutilant, leur arrachant les yeux ; d’autres, il les a forcés de se justifier par le duel, ou par les épreuves de l’eau et du feu. Et l’on veut, au milieu de tels outrages, que nous nous taisions ?… Ils se taisent, ils se tairont les mercenaires ; mais quiconque est un vrai pasteur de l’Église, se joindra à nous…

« Je pouvais fleurir en puissance, abonder en richesses et en délices, être craint et honoré de tous. Mais puisqu’enfin le Seigneur m’a appelé, moi indigne et pauvre pécheur, au gouvernement des âmes, j’ai choisi, par l’inspiration de la grâce, d’être abaissé dans sa maison, d’endurer jusqu’à la mort la proscription, l’exil, les plus extrêmes misères, plutôt que de faire bon marché de la liberté de l’Église. Qu’ils agissent ainsi ceux qui se promettent de longs jours, et qui trouvent dans leurs mérites l’espérance d’un temps meilleur. Moi, je sais que le mien sera court, et que si je tais à l’impie son iniquité, je rendrai compte de son sang. Alors, l’or et l’argent ne serviront de rien, ni les présents, qui aveuglent même les sages… Nous serons bientôt vous et moi, très saint père, devant le tribunal du Christ. C’est au nom de sa majesté, et de son jugement formidable, que je vous demande justice contre ceux qui veulent le tuer une seconde fois. »

Il écrivait encore : « Nous sommes à peine soutenus de l’aumône étrangère. Ceux qui nous secouraient sont épuisés ; ceux qui avaient pitié de notre exil, désespèrent, en voyant comment agit le seigneur pape… Écrasés par l’Église romaine, nous qui, seuls