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LOUIS-LE-JEUNE ET HENRI II (PLANTAGENET)

don, mais refusa de voir Thomas, et se contenta de lui écrire qu’il le rétablissait dans sa dignité épiscopale. « Allez, écrivait-il froidement à l’exilé, allez apprendre dans la pauvreté à être le consolateur des pauvres. »

Le seul soutien de Thomas, c’était le roi de France. Louis VII était trop heureux de l’embarras où cette affaire mettait son rival. C’était d’ailleurs, comme on a vu, un prince singulièrement doux et pieux. L’évêque, persécuté pour la défense de l’Église, était pour lui un martyr. Aussi l’accueillit-il avec faveur, ajoutant que la protection des exilés était un des anciens fleurons de la couronne de France. Il accorda à Thomas et à ses compagnons d’infortune un secours journalier en pain et autres vivres, et quand le roi d’Angleterre lui envoya demander vengeance contre l’ancien archevêque : « Et qui donc l’a déposé ? dit Louis. Moi, je suis roi aussi, et je ne puis déposer dans ma terre le moindre des clercs. »

Abandonné du pape et nourri par la charité du roi de France, Thomas ne recula point. Henri ayant passé en Normandie, l’archevêque se rendit à Vézelay, au lieu même où vingt ans auparavant saint Bernard avait prêché la seconde croisade, et le jour de l’Ascension, au milieu du plus solennel appareil, au son des cloches, à la lueur des cierges, il excommunia les défenseurs des constitutions de Clarendon, les détenteurs des biens de l’Église de Kenterbury, et ceux qui avaient communiqué avec l’antipape que soutenait l’empereur. Il désignait nominativement six des favoris du