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LOUIS-LE-JEUNE ET HENRI II (PLANTAGENET)

de la conquête serait détruit, si l’archevêque saxon prendrait sur les descendants des vainqueurs la revanche de la bataille d’Hastings. L’épiscopat, que Guillaume-le-Bâtard avait rendu si fort dans l’intérêt de la conquête, tournait contre elle aujourd’hui. Heureusement pour Henri, les évêques étaient plus barons qu’évêques ; l’intérêt temporel touchait ces Normands tout autrement que celui de l’Église. La plupart se déclarèrent pour le roi, et se tinrent prêts à jurer ce qui lui plairait. Ainsi l’alarme donnée par Becket à cette Église toute féodale mettait le roi à même de se faire accorder par elle une toute-puissance qu’autrement il n’eût jamais osé demander.

Voici les principaux points que stipulaient les coutumes de Clarendon (1164) : « La garde de tout archevêché et évêché vacant sera donnée au roi, et les revenus lui en seront payés. L’élection sera faite d’après l’ordre du roi, avec son assentiment, par le haut clergé de l’Église, sur l’avis des prélats que le roi y fera assister. — Lorsque dans un procès l’une des deux, ou les deux parties seront ecclésiastiques, le roi décidera si la cause sera jugée par la cour séculière ou épiscopale. Dans le dernier cas, le rapport sera fait par un officier civil. Et si le défendeur est convaincu d’action criminelle, il perdra son bénéfice de clergie. — Aucun tenancier du roi ne sera excommunié sans que l’on se soit adressé au roi, ou, en son absence, au grand justicier. — Aucun ecclésiastique en dignité ne passera la mer sans la permission du roi. — Les ecclésiastiques tenanciers du roi tiennent leurs terres par