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LOUIS-LE-JEUNE ET HENRI II (PLANTAGENET)

Kent comme l’étaient les habitants des autres provinces, « Lanfranc lui résista en face, et prouva devant tout le monde la liberté de sa terre par le témoignage de vieux Anglais qui étaient versés dans les usages de leur patrie : et il délivra ses hommes des mauvaises coutumes qu’Eudes voulait leur imposer[1]. » Dans une autre occasion, « le roi ordonna de convoquer sans délai tout le comté et de réunir tous les hommes du comté, Français et surtout Anglais, versés dans la connaissance des anciennes lois et coutumes. Arrivés à Penendin, ils s’assirent tous, et tout le comté fut retenu là pendant trois jours ; et par tous ces hommes sages et honnêtes il fut décidé, accordé et jugé : que, tout aussi bien que le roi, l’archevêque de Kenterbury doit posséder ses terres avec pleine juridiction, en toute indépendance et sécurité[2]. »

Le successeur de Lanfranc, saint Anselme, se montra encore plus favorable aux vaincus. Lanfranc lui parlait un jour du Saxon Elfeg qui s’était dévoué pour défendre contre les Normands les libertés du pays : « Pour moi, dit Anselme, je crois que c’est un vrai martyr, celui qui aima mieux mourir que de faire du tort aux siens. Jean est mort pour la vérité ; de même Elfeg pour la justice ; tous deux pareillement pour Christ, qui est la justice et la vérité. » C’est Anselme qui contribua le plus au mariage d’Henri Beauclerc avec la nièce d’Edgar, dernier héritier de la royauté saxonne ; cette union de deux races dut préparer, quoi

  1. Vie de saint Lanfranc.
  2. Spence.