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LOUIS-LE-JEUNE ET HENRI II (PLANTAGENET)

essaya de les venger en tirant elle-même une flèche contre la poitrine de son père. Les Plantagenets, qui ne descendaient de cette race diabolique que du côté maternel, n’en dégénérèrent pas.

Après Beauclerc (1135), la lutte fut entre son neveu, Étienne de Blois, et sa fille Mathilde, veuve de l’empereur Henri V et femme du comte d’Anjou. Étienne appartenait à cette excellente famille des comtes de Blois et de Champagne qui, à la même époque, encourageait les communes commerçantes, divisait à Troyes la Seine en canaux, et protégeait également saint Bernard et Abailard. Libres penseurs et poètes, c’est d’eux que descendra le fameux Thibault, le trouvère, celui qui fit peindre ses vers à la reine Blanche dans son palais de Provins, au milieu des roses transplantées de Jéricho. Étienne ne pouvait se soutenir en Angleterre qu’avec des étrangers, Flamands, Brabançons, Gallois même. Il n’avait pour lui que le clergé et Londres. Les autres communes d’Angleterre étaient encore à naître. Quant au clergé, Étienne ne resta pas longtemps bien avec lui. Il défendit d’enseigner le droit canon, et osa emprisonner des évêques. Alors Mathilde reparut. Elle débarqua presque seule ; vraie fille du Conquérant, insolente, intrépide, elle choqua tout le monde, et brava tout le monde. Trois fois elle s’enfuit la nuit, à pied sur la neige et sans ressources. Étienne, qui la tint une fois assiégé, crut, comme chevalier, devoir ouvrir passage à son ennemie, et la laisser rejoindre les siens. Elle ne l’en traita pas mieux, quand elle le prit à son tour, abandonné de ses barons (1153). Il fut