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SUITE DE LA CROISADE. — LES COMMUNES

ger[1]. C’était alors la querelle des investitures, la lutte matérielle, la guerre contre l’empereur. Une autre lutte allait commencer, bien plus grave, dans la sphère de l’intelligence, lorsque la question descendrait de la politique à la théologie, à la morale, et que la moralité même du christianisme serait mise en question. Ainsi Pélage vint après Arius, Abailard après Bérenger.

L’Église semblait paisible. L’école de Laon et celle de Paris étaient occupées par deux élèves de saint Anselme de Kenterbury, Anselme de Laon et Guillaume de Champeaux. Cependant, de grands signes apparaissaient : les Vaudois avaient traduit la Bible en langue vulgaire, les Institutes furent aussi traduites ; le droit fut enseigné en face de la théologie, à Orléans et à Angers. L’existence de l’école de Paris était pour l’Église un danger. Les idées, jusque-là dispersées, surveillées dans les diverses écoles ecclésiastiques, allaient converger vers un centre. Ce grand nom d’Université commençait, dans la capitale de la France, au moment où l’universalité de la langue française semblait presque accomplie. Les conquêtes des Normands, la première croisade, l’avaient porté partout, ce puissant idiome philosophique, en Angleterre, en Sicile, à Jérusalem. Cette circonstance seule donnait à la France centrale, à Paris, une force immense d’attraction. Le français de Paris devint peu à peu

  1. Les partisans de l’empereur accusèrent Grégoire d’avoir ordonné un jeûne aux cardinaux, pour obtenir de Dieu qu’il montrât qui avait raison sur le corps du Christ, Bérenger ou l’Église romaine ?