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SUITE DE LA CROISADE. — LES COMMUNES

l’homme de l’Église, qu’elle lui laissait exercer paisiblement ce droit d’investiture pour lequel le pape excommuniait l’empereur[1]. Ce droit n’avait pas d’inconvénient dans la main du protégé des évêques. Louis d’ailleurs inspirait tant de confiance ! C’était un prince selon Dieu et selon le monde.

Henri Beauclerc avait supplanté son frère Robert. Louis-le-Gros prit sous sa protection Guillaume Cliton, fils de Robert. Il essaya en vain de l’établir en Normandie, mais il l’aida à se faire comte de Flandre. Lorsque le comte de Flandre, Charles-le-Bon, eut été massacré par les hommes de Bruges, Louis entreprit cette expédition lointaine, vengea le comte d’une manière éclatante, et décida les Flamands à prendre pour comte le Normand Guillaume Cliton. On s’habituait ainsi à regarder le roi de France comme le ministre de la Providence.

Plus lointaines encore, et non moins éclatantes, furent ses expéditions dans le Midi. À l’époque de la croisade, le comte de Bourges avait vendu au roi son comté[2]. Cette possession, dont le roi était séparé par tant de terres plus ou moins ennemies, acquit de l’importance lorsqu’en 1115 le seigneur du Bourbonnais, voisin du Berry, appela le roi à son secours contre le frère de son prédécesseur, qui lui disputait cette seigneurie. Louis-le-Gros y passa avec une armée et le

  1. Les moines de Saint-Denis élurent Suger pour abbé sans attendre la présentation royale. Louis s’en montra fort irrité, et mit en prison plusieurs moines. (Suger.) — Ainsi l’exception prouve ici la règle.
  2. Il le lui avait acheté 60.000 liv. Foulques-le-Réchin avait aussi cédé le Gâtinais, pour obtenir sa neutralité.