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HISTOIRE DE FRANCE

Cette défaite fut cruellement vengée par les milices des communes, qui pénétrèrent en Normandie et y commirent d’affreux ravages. Elles étaient conduites par les évêques eux-mêmes, qui ne craignaient rien tant que de tomber sous la féodalité normande. Le roi espérait tirer un parti bien plus avantageux encore de la protection ecclésiastique, lorsque Calixte II excommunia l’empereur Henri V au concile de Reims, où siégeaient quinze archevêques et deux cents évêques. Louis s’y présenta, accusa humblement devant le pape le roi normand d’Angleterre, Henri Beauclerc, comme le violateur du droit des gens et l’allié des seigneurs qui désolaient les campagnes. « Les évêques, dit-il, détestaient avec raison Thomas de Marle, brigand séditieux qui ravageait toute la province ; aussi m’ordonnèrent-ils d’attaquer cet ennemi des voyageurs et de tous les faibles : les loyaux barons de France se réunirent à moi pour réprimer les violateurs des lois, et ils combattirent pour l’amour de Dieu avec toute l’assemblée de l’armée chrétienne. Le comte de Nevers, revenant paisiblement, avec mon congé, de cette expédition, a été pris et retenu jusqu’à ce jour par le comte Thibault, quoiqu’une foule de seigneurs aient supplié Thibault de ma part de le remettre en liberté, et que les évêques aient mis toute sa terre sous l’anathème. » Lorsque le roi eut parlé, les prélats français attestèrent qu’il avait dit la vérité. Mais le pape avait bien assez de sa lutte contre l’empereur, sans se faire encore un ennemi du roi d’Angleterre.

Quoi qu’il en soit, le roi de France était tellement