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SUITE DE LA CROISADE. — LES COMMUNES

treuse forêt de Montmorency. De l’autre côté, la tour de Montlhéry exigeait un péage. Le roi ne pouvait voyager qu’avec une armée de sa ville d’Orléans à sa ville de Paris.

La croisade fit la fortune du roi. Ce terrible seigneur de Montlhéry prit la croix, mais il n’alla pas plus loin qu’Antioche. Quand les chrétiens y furent assiégés, il laissa là ses compagnons d’armes, ses frères de pèlerinage, se fit descendre des murs avec une corde, à l’exemple de quelques autres, et revint d’Asie en Hurepoix avec le surnom de Danseur de corde. Cela humanisa le fier baron ; il donna à l’un des fils du roi sa fille et son château[1]. C’était lui donner la route entre Paris et Orléans.

L’absence des grands barons ne fut pas moins utile au roi. Étienne de Blois, qui avait fait comme le seigneur de Montlhéry, voulut retourner en Asie. Le brillant comte de Poitiers, le roué et le troubadour, sentit qu’on n’était point un chevalier accompli sans avoir été à la terre sainte. Il comptait bien trouver romanesques aventures et matière à quelques bons contes[2]. De son duché d’Aquitaine, ne lui souciait guère. Il offrit au roi d’Angleterre de le lui céder pour quelque argent comptant. Il partit avec une grande armée, tous ses hommes, toutes ses maîtresses[3]. Pour les Languedociens, c’était une croisade non interrompue entre

  1. Philippe Ier disait à son fils, Louis-le-Gros : « Age, fili, serva excubans turrim, cujus devexatione pene consenui, cujus dolo et fraudulenta nequitia nunquam pacem bonam et quietem habere potui. » (Suger.)
  2. Il voyageait quelquefois dans ce seul but.
  3. Guibert de Nogent. « Examina contraxerat puellarum. »