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ONZIÈME SIÈCLE

terre, les peuples la police tyrannique mais régulière qui régnait dans la Grande-Bretagne.

Les vaincus avaient, il est vrai, chèrement payé cet ordre et cette organisation. Mais à la longue les villes se peuplèrent de la désolation des campagnes[1]. Leur forte et compacte population prépara à l’Angleterre une destinée nouvelle. Le roi avait maintenu les tribunaux saxons des comtés et des hundred, pour resserrer d’autant les juridictions féodales, qui d’autre part rencontraient par en haut un obstacle dans l’autorité souveraine de la cour du roi. Ainsi l’Angleterre, enfermée par la conquête dans un cadre de fer, commença à connaître l’ordre public. Cet ordre développa une prodigieuse force sociale. Dans les deux siècles qui suivirent la conquête, malgré tant de calamités, s’élevèrent ces merveilleux monuments que toute la puissance du temps présent pourrait à peine égaler. Les basses et sombres églises saxonnes s’élancèrent en flèches hardies, en majestueuses tours. Si la diversité des races et des langues retarda l’essor de la littérature, l’art du moins commença. C’est sur ces monuments, sur la force sociale qu’ils révèlent qu’il faut juger la conquête, et non sur les calamités passagères qui l’ont accompagnée.


Quoique les Normands fussent loin de tenir tout ce que l’Église de Rome s’était promis de leurs victoires, elle y gagna néanmoins infiniment. Ceux de Naples dès

  1. Hallam.