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HISTOIRE DE FRANCE

homme très sage et très puissant, plus puissant et plus honoré qu’aucun de ses prédécesseurs. Il était doux avec les bonnes gens qui aimaient Dieu, et sévère à l’excès pour ceux qui résistaient à sa volonté. Au lieu même où Dieu lui permit de vaincre l’Angleterre, il éleva un noble monastère, y plaça des moines et les dota richement… Certes, il fut très honoré ; trois fois chaque année, il portait sa couronne, lorsqu’il était en Angleterre : à Pâques, il la portait à Winchester ; à la Pentecôte, à Westminster, et à Noël, à Glocester. Et alors il était accompagné de tous les riches hommes de l’Angleterre, archevêques et évêques diocésains, abbés et comtes, thanes et chevaliers. Il était au surplus très rude et très sévère ; aussi personne n’osait rien entreprendre contre sa volonté. Il lui arriva de charger de chaînes des comtes qui lui résistaient. Il renvoya des évêques de leurs évêchés, des abbés de leurs abbayes, et mit des comtes en captivité ; enfin, il n’épargna pas même son propre frère Odon : il le mit en prison. Toutefois, entre autres choses, nous ne devons pas oublier le bon ordre qu’il établit dans cette contrée ; toute personne recommandable pouvait voyager à travers le royaume avec sa ceinture pleine d’or sans aucune vexation ; et aucun homme n’en aurait osé tuer un autre, en eût-il reçu la plus forte injure. Il donna des lois à l’Angleterre, et par son habileté il était parvenu à la connaître si bien, qu’il n’y a pas un hide de terre dont il ne sût à qui il était et de quelle valeur, et qu’il n’ait inscrit sur ses registres. Le pays de Galles était sous sa domination, et il y bâtit des châteaux. Il