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HISTOIRE DE FRANCE

et les comtés de Kent, Sussex, Surrey, Hereford et Oxford, c’est-à-dire tout le midi de l’Angleterre. On accusait Godwin, d’avoir autrefois appelé Alfred, frère d’Édouard, et de l’avoir livré aux Danois. Cette puissante famille ne se souciait ni du roi ni de la loi ; Sweyn, l’un des fils de Godwin, avait tué son cousin Beorn, et le pauvre roi Édouard n’avait pu venger ce meurtre. Les Normands qu’il opposait à Godwin furent chassés à main armée ; les fils de Godwin devinrent maîtres[1], et l’un d’eux, nommé Harold, qui avait en effet de grandes qualités, prit assez d’empire sur le faible roi pour se faire désigner par lui pour son successeur.

Les Normands, qui comptaient bien régner après Édouard, persévérèrent avec la ténacité qu’on leur connaît. Ils assurèrent qu’il avait désigné Guillaume. Harold prétendait que son droit était meilleur, qu’Édouard l’avait nommé sur son lit de mort, et qu’en Angleterre on regardait comme valables les donations faites au dernier moment. Guillaume déclara cependant qu’il était prêt à plaider selon les lois de Normandie ou celles d’Angleterre[2]. Un hasard singulier avait donné à leur duc une apparence de droit sur l’Angleterre et sur Harold, son nouveau roi.

Harold, poussé par une tempête sur les terres du comte de Ponthieu, vassal de Guillaume, fut livré par lui à son suzerain. Il prétendit qu’il était parti d’Angleterre pour redemander au duc de Normandie son frère

  1. Guillaume de Poitiers.
  2. Id.