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FRANCE FÉODALE

fut tué impunément sous ses yeux. Beauvais appartenait aux comtes de Blois, dont Berthe était la veuve et la mère. L’évêque de Chartres, Fulbert, écrivit à Foulques une lettre où il le désignait comme auteur de ce crime. Foulques, déjà fort mal avec l’Église pour les biens qu’il lui enlevait chaque jour, partit pour Rome avec une forte somme d’argent, acheta l’absolution du pape, fit un pèlerinage à Jérusalem, et bâtit au retour l’abbaye de Beaulieu près Loches : un légat la consacra, au refus des évêques. Toute la vie de ce méchant homme fut une alternative de victoires signalées, de crimes et de pèlerinages ; il alla trois fois à la terre sainte. La dernière fois, il revint à pied et mourut de fatigue à Metz. De ses deux femmes, il avait relégué l’une à Jérusalem et brûlé l’autre comme adultère. Mais il fonda une foule de monastères (Beaulieu, Saint-Nicolas d’Angers, etc.), bâtit force châteaux (Montrichard, Montbazon, Mirebeau, Château-Gonthier). On montre encore à Angers sa noire Tour du Diable. C’est le vrai fondateur de la puissance des comtes d’Anjou. Son fils, Geoffroy Martel, défit et tua le comte de Poitiers, prit celui de Blois et exigea la Touraine pour rançon. Il gouvernait aussi le Maine comme tuteur du jeune comte. Malgré ses discordes intérieures, la maison d’Anjou finit par prévaloir sur celles de Blois et Champagne. Toutes deux se lièrent par mariage aux Normands conquérants de l’Angleterre. Mais les comtes de Blois n’occupèrent le trône d’Angleterre qu’un instant, tandis que les Angevins le gardèrent du douzième au treizième siècle, sous le