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FRANCE FÉODALE

Berthe avait eu du comte de Blois, son premier époux, un fils nommé Eudes, comme son père, et surnommé le Champenois, parce qu’il ajouta à ses vastes domaines une partie de la Brie et de la Champagne. Eudes osa entreprendre une guerre contre l’Empire. Il se mit en possession du royaume de Bourgogne, auquel il avait droit par sa mère ; il soumit tout jusqu’au Jura, et fut reçu dans Vienne. Appelé à la fois par la Lorraine et par l’Italie, qui le voulait pour roi[1], il prétendit relever l’ancien royaume d’Ostrasie. Il prit Bar, et marcha vers Aix-la-Chapelle, où il comptait se faire couronner aux fêtes de Noël. Mais le duc de Lorraine, le comte de Namur, les évêques de Liège et de Metz, tous les grands du pays vinrent à sa rencontre et le défirent. Tué en fuyant, il ne put être reconnu que par sa femme, qui retrouva sur son corps un signe caché[2] (1037).

Ses États, divisés dès lors en comtés de Blois et de Champagne, cessèrent de composer une puissance redoutable. Famille plus aimable que guerrière, poètes, pèlerins, croisés, les comtes de Blois et Champagne n’eurent ni l’esprit de suite ni la ténacité de leurs rivaux de Normandie et d’Anjou.

La maison d’Anjou n’était ni normande comme celles de Blois et de Normandie, ni saxonne comme les Capets, mais indigène. Elle désignait comme son premier auteur un Breton de Rennes, Tortulf, le fort

  1. Glaber.
  2. Id. C’est l’Histoire d’Harold reconnu par sa maîtresse Édith. Elle se reproduit à la mort de Charles-le-Téméraire.