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FRANCE FÉODALE

pauvre en lui recommandant, selon sa coutume, de bien prendre garde que sa femme ne le vît. Lorsque la reine vint, elle s’étonna fort de voir sa lance ainsi dépouillée ; et Robert jura par plaisanterie le nom du Seigneur qu’il ne savait comment cela s’était fait[1]. »

« Il avait une grande horreur pour le mensonge. Aussi, pour justifier ceux dont il recevait le serment, aussi bien que lui-même, il avait fait faire une châsse de cristal toute entourée d’or, où il eut soin de ne mettre aucune relique : c’est sur cette châsse qu’il faisait jurer ses grands, qui n’étaient point instruits de sa fraude pieuse. De même, il faisait jurer les gens du peuple sur une châsse où il avait mis un œuf. Oh ! avec quelle exactitude se rapportent à ce saint homme les paroles du Prophète : « Il habitera dans le tabernacle du Très-Haut, celui qui dit la vérité selon son cœur, celui dont la langue ne trompe pas, et qui n’a jamais fait de mal à son prochain[2] ! »

La charité de Robert s’étendait à tous les pécheurs. « Comme il soupait à Étampes, dans un château que Constance venait de lui bâtir, il ordonna d’ouvrir la porte à tous les pauvres. L’un d’eux vint se mettre aux pieds du roi, qui le nourrissait sous la table. Mais le pauvre, ne s’oubliant pas, lui coupa avec un couteau un ornement d’or de six onces qui pendait de ses genoux, et s’enfuit au plus vite. Lorsqu’on se leva de table, la reine vit son seigneur dépouillé, et, indignée, se laissa emporter contre le saint à des paroles vio-

  1. Helgaud.
  2. Id.