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poupine, longtemps l’avaient laissé pauvre. Ayant fait un mauvais poème de la Religion vengée, il plut au roi, qui le mit auprès de la Pompadour pour la polir, la former, la mettre au niveau de Versailles (1745). Elle le fit ministre à Venise (1752), son agent près de l’Infante dans leur complot autrichien. Il fut l’homme de l’Infante, beaucoup trop lié avec elle, et lancé surtout par elle dans la criminelle affaire qui compromettait la France sur le vain espoir que l’Autriche donnerait à cette folle le trône des Pays-Bas.

Il se vit avec terreur l’automate dont jouait l’Autriche. Cela fut très ridicule pour la convention de Hanovre. Bernis d’abord applaudit. Mais l’Autriche murmurant, Bernis blâma. Puis, sous le coup de Rosbach, la marionnette vira, approuva. Il n’était plus temps.

Il était pourtant un point où cessait son obéissance, l’impuissance de payer le subside promis à Marie-Thérèse. Il exposa sa misère à l’impératrice elle-même, lui fît craindre que s’il y avait ici une explosion, elle ne perdît tout à la fois. Elle-même était fort abattue. En 1758, Frédéric vainqueur, vaincu, resta cependant si fort, que l’Autrichien, plus malade, n’en pouvant plus, recula et se cacha en Autriche.

Bernis, malgré la Pompadour, parla au Conseil pour la paix. Il parla admirablement, avec la naïve éloquence de la peur, et cela gagna. Le roi, encore tout autrichien, partagea l’effroi de Bernis. Avec le Dauphin, le Conseil, il passe au parti de la paix, il autorise à traiter.