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n’eurent aucune portée sérieuse ; on le verra par ce volume. Les fameuses Assemblées provinciales qu’on a fait valoir récemment, ne furent qu’un leurre en 1786. — Le roi, loin de céder en rien au progrès et à la raison, s’aigrit par les concessions, fort légères, qu’il lui fallut faire, les mensonges qu’il lui fallut dire. — Nos pères ne se trompèrent en rien lorsqu’ils sentirent en lui le solide, l’inconvertissable ennemi de la Révolution.

Pour établir cela et le mettre dans tout son jour, j’ai dû m’écarter peu, effleurer, éluder ce qui m’en éloignait. De là plusieurs lacunes [1]. Mainte chose ne sont montrées que de profil, plusieurs même passées tout à fait.

Rien ne me pèse plus que d’omettre sur le chemin tels faits admirables, héroïques, qui sont restés sans récompense, sans mémoire jusqu’ici. L’Histoire doit payer pour la France. Ces dettes me suivent et me poursuivent. Je ne me pardonne pas de n’avoir point parlé de cet obscur Léonidas qui nous a sauvés à Saint—Cast, et dont la vaillance oubliée m’est

  1. En revanche, j’ai développé certains faits vraiment capitaux, par exemple, la révolution de Grenoble qui fit celle de la France, et pour laquelle M. Gariel m’avait ouvert les sources les plus précieuses. Je regretterais beaucoup plus mes lacunes si mon ami, M. Henri Martin, dans sa judicieuse Histoire, si riche en précieux détails, n’y suppléait souvent avec autant d’exactitude que de talent. — L’histoire de l’art est mieux dans les fines et savantes notices de MM. de Goncourt, que je n’aurais pu faire. — Deux sérieux esprits, si nets et si loyaux, MM. Bersot, Barni, ont donné sur nos philosophes d’excellents jugements qui resteront définitifs. Ils corrigent ce que peut avoir peut-être d’excessif ma critique de Rousseau.