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dance de la reine. On le vit dès son âge de vingt ans, dans la crise indécente de juillet 74. On le vit d’une manière effrayante dans les premières grossesses. Il était hors de lui, pleurait.

Nul roi ne montra mieux une loi de l’histoire qui a bien peu d’exceptions : « Le roi, c’est l’étranger. » Tout fils tient de sa mère. Le roi est fils de l’étrangère, et il en apporte le sang. La succession presque toujours a l’effet d’une invasion. Les preuves en seraient innombrables. Catherine, Marie de Médicis, nous donnèrent de purs Italiens ; la Farnèse de même (dans Charles III d’Espagne). Louis XVI fut un vrai Saxon, et plus Allemand que l’Allemagne, dans l’alibi complet, la parfaite ignorance du pays où il a régné.

Étrangers par la race, les rois le sont par la croyance, tous nécessairement attachés à la religion qui veut l’obéissance et la résignation, supprime la patrie, les fiers instincts de liberté. Le chrétien pour patrie a le ciel, le catholique Rome. Tout roi est très chrétien. Espagne, Autriche, Portugal, etc., ont un titre analogue. Le schisme n’y fait rien. Papauté de Moscou, papauté de Londres, il n’importe, le trône a pour base l’autel. Notre roi, entre tous, portant jadis la chape, chanoine à Saint— Quentin, abbé de Saint-Martin, fut essentiellement un personnage ecclésiastique. Les deux derniers ont été très fidèles à ce caractère intérieur, essentiel, de la royauté. — Louis XV, au moment décisif de son règne, vers 1750, quand la grande question peut déjà s’entrevoir,