L’EUROPE. — LA PAIX 121
Dupleix, mieux compris, mieux aidé du cabinet de Versailles, aurai l égalé, je le crois, la cruelle habi- leté, les ruses, les succès de lord Clive. Je n’y ai aucun regret. Ce qui me laisse du regret, c’est que la France, répandue, mêlée à l’élément indien, eût duré, fait une race. Le mariage de Dupleix avec une femme indienne, de capacité si grande, dit assez ce que ce mélange eût pu avoir de fécond.
L’Inde dure, fort heureusement. Elle n’est pas effacée, comme l’Amérique du Nord, en ses races primitives. Les Anglais n’y ont rien fait que laisser périr, crever, les admirables réservoirs, qui rece- vaient les pluies des Gattes, fertilisaient le pays.
Malgré tout l’écrasement du pesant boa anglais, qui ne fait que digérer, les arts exquis de l’Hindoustan sont venus à l’exposition de 1856, et ils ont éclipsé tout. (Yoy. les Reports, et ma Bible de V humanité.)
On a juré mille fois devant moi que l’Italie ne pourrait renaître jamais. Elle est renée, vit et vivra.
Eh bien ! je jure à mon tour que l’Hindoustan revi- vra ; qu’il revivra, et de lui-même, et par des races amies.
Non, certes, par les Anglais, gras, vieux, riches et endormis. Non pas, certes, par les Russes, que l’on connaît depuis deux ans, et qui sont l’horreur du monde.
Les Russes y viendront sans doute. Il faut bien qu’ils engraissent l’Inde de leurs corps, comme ont fait les autres peuples. Ils y fondront plus vite encore, disparaîtront comme neige. Et bien plus que