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NE ne HISTOIRE DE FRANCE

ment il ne lrouva pas ces masses suffisamment lourdes; il y fit ajouter de bonnes poutres, de bons madriers d'un énorme poids.

Une partie de ces vaisseaux paralytiques étaient remués à bras d'hommes, par des quantités de for- çats, comme dans la Méditerranée; action nulle dans la lame forte et longue de l'Océan. Et dangereuse de plus. En pleine mer, un forçat anglais délivra ses camarades, Turcs, Français, etc. Sur trois vaisseaux portugais s'étendit la révolte, la tuerie. Hideux spec- tacle de voir ces Portugais ennemis de l'Espagne, contraints par elle et vrais forcats, égorgés par les forçats qu'ils faisaient ramer pour l'Espagne!

Cette exécrable Babel de toutes les tyrannies du monde, contenue pourtant encore dans une apparente unité, était montée par un pilote qui devait la faire enfoncer, le génie de l’Escurial, du Gesù, de l'Inqui- sition, — autrement dit, la mort des peuples et de la pensée humaine.

Il semble que, du premier coup, la mer en ait eu : horreur. Dés la sortie de Lisbonne, dans les meilleurs jours de l’année (29 mai), le vent devient furieux, il lui brise quelques vaisseaux, surtout lui fait perdre du temps. Elle se refait à la Corogne, mais elle n'entre en Manche que le 28 juillet.

Il y avait une fatalité visible sur cette flotte espa- unole, préparée depuis si longtemps. Un célèbre marin de Lépante est nommé pour la commander; il devient malade, il meurt. Puis c'est le vieux et illustre Santa-Crux. Philippe IT le trouve trop lent, lui