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LE ROI SE RAPPROCHE DES PROTESTANTS

jeune homme. A leur départ de Florence, elle l’aida de quelque argent ; et l’usage qu’il en fit, ce fut d’acheter un cheval de deux mille ducats, qu’il eut l’impertinence de donner à Henri IV.

Ce petit fait peint l’homme de la tête aux pieds. Il n’était que vanité, folie, insolence. Il passait tout le jour au jeu comme un grand seigneur. Il plut d’autant plus à la reine, qui le maria à sa Léonora, afin de le pouvoir garder. Avec cet arrangement, Marie de Médicis put être sévère à son aise, jalouse de son mari, inexorable et terrible pour la régularité de sa maison. Une de ses filles ayant, la nuit, reçu un amant qui se sauva en chemise, la reine exigea que le roi le fît condamner à mort (par contumace heureusement).

Léonora, modeste et sage, n’aurait visé qu’à l’argent. Mais Concini, un fat, un fou, avec ses goûts de grandeur, ne pouvait manquer de suivre le vent de la cour, qui était tout à l’Espagne. Le grand-duc de Florence, son maître, s’était refait espagnol. Marie de Médicis ne rêvait que le double mariage espagnol, qui était aussi toute la politique de l’ancien ligueur Villeroy.

Un commis de Villeroy, qui déchiffrait les dépêches, en donnait copie à Madrid. Concini communiquait par une voie plus détournée, par l’ambassadeur du grand-duc auprès de Philippe III ; ses lettres passaient par Florence pour être envoyées à Madrid.

Le roi avait ainsi l’Espagne tout autour de lui, chez lui. En avril 1605, il apprit l’affaire du commis, que