Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 10.djvu/289

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
279
CONSPIRATION DE BIRON

CHAPITRE XVIII

Conspiration de Biron. (1601-1602.)


Peu de temps après cette guerre foudroyante de Savoie, qui avertit si bien l’Europe de la résurrection de la France, le roi montrait à Biron une statue où on l’avait fait en dieu Mars et couronné de lauriers. Il lui dit malignement : « Cousin, que pensez-vous que dirait mon frère d’Espagne s’il me voyait de la sorte ? — Lui ! il ne vous craindrait guère ! »

Voilà comme on le traitait. Sa puissance si bien prouvée, sa renommée militaire, tant de vigueur, tant d’esprit, tout cela n’empêchait pas qu’on ne le traitât lestement, sans ménagement, avec une légèreté bien près du mépris. Lui-même il en était cause. Personne n’avait moins de tenue. Sa camaraderie étrange avec Bellegarde, Bassompierre, les jeunes gens qui riaient de lui et qui lui soufflaient ses maîtresses, semblait d’une débonnaireté plus qu’humaine. On le trompait, on s’en moquait, et il n’en faisait pas plus mauvaise mine. Il se faisait lire les libelles, allait voir les farces