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HISTOIRE DE FRANCE

Qui dit cela ? Soyez-en sûr, nul autre que Fouquet La Varenne. Ce serviteur incomparable, unique comme chasseur de femmes et dénicheur de beautés, avait trouvé pour son maître la plus jolie fille de France.

La mère, la Marie Touchet, l’unique amour du roi tragique, qui, dit-on, chercha en elle l’oubli de la Saint-Barthélémy, Marie Touchet était Flamande d’origine, mais très affinée, très lettrée ; née dans la ville des disputes, Orléans, puis transportée à la cour italienne de Catherine de Médicis. Elle lisait (chose rare alors), non pas telle traduction d’Amadis, mais le livre de Charles IX, les Grands Hommes de Plutarque, dans la belle version d’Àmyot.

Cette dame, fîère de ce grand et sombre souvenir, quoique peu noble elle-même, non sans peine, était descendue à épouser un seigneur, le premier du pays, Entragues, gouverneur d’Orléans. Son fils, qu’elle avait eu de Charles IX, et qui se trouvait neveu d’Henri III, la rendait fort ambitieuse. Elle visait haut pour ses filles, les gardait admirablement, mieux qu’elle ne fît pour elle-même. Sa sévérité maternelle était passée en légende. On contait qu’un de ses pages s’étant un peu émancipé du côté clés demoiselles, elle l’avait virilement poignardé de sa propre main.

Ses filles avaient besoin d’être bien gardées. Elles avaient l’esprit du diable. L’aînée, Henriette, était une flamme. Vive, hardie, un bec acéré. Des rencontres et des répliques à faire taire tous les docteurs. Elle ne lisait pas d’histoire ; elle était trop fine et trop clispu-