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HISTOIRE DE FRANCE

Aulerces, Carnutes et Cénomans (Manceaux et Chartrains), viennent ensuite sous un chef appelé l’Ouragan, se font un établissement aux dépens des Étrusques de Vénétie, et fondent Brixia et Vérone. Enfin les Kymry, jaloux des conquêtes des Galls, passent les Alpes à leur tour ; mais la place est prise dans la vallée du Pô ; il faut qu’ils aillent jusqu’à l’Adriatique, ils fondent Bologne et Senagallia, ou plutôt ils s’établissent dans les villes que les Étrusques avaient déjà fondées. Les Galls étaient étrangers à l’idée de la cité, mesurée, figurée d’après des notions religieuses et astronomiques. Leurs villes n’étaient que de grands villages ouverts, comme Mediolanum (Milan). Le monde gallique est le monde de la tribu[1] ; le monde étrusco-romain, celui de la cité.

Voilà la tribu et la cité en présence dans ce champ clos de l’Italie. D’abord la tribu a l’avantage ; les Étrusques sont resserrés dans l’Étrurie proprement dite, et les Gaulois les y suivent bientôt. Ils passent l’Apennin, avec leurs yeux bleus, leurs moustaches fauves, leurs colliers d’or sur leurs blanches épaules, ils viennent défiler devant les murailles cyclopéennes des Étrusques épouvantés. Ils arrivent devant Clusium, et demandent des terres. On sait qu’en cette occasion les Romains intervinrent pour les Étrusques, leurs anciens ennemis, et qu’une terreur panique livra Rome aux Gaulois. Ils furent bien étonnés, dit Tite-Live, de trouver la ville déserte ; plus étonnés

  1. Quelques savants ont même douté que leurs oppida, au temps de César, fussent autre chose que des lieux de refuge.