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CELTES ET IBÈRES

l’entrevoir à travers les sèches indications des auteurs anciens, et dans les traditions fort altérées des Kymry modernes du pays de Galles, avait une tendance morale beaucoup plus élevée ; ils enseignaient l’immortalité de l’âme. Toutefois le génie de cette race était trop matérialiste pour que de telles doctrines y portassent leurs fruits de bonne heure. Les druides ne purent la faire sortir de la vie de clan ; le principe matériel, l’influence des chefs militaires subsista à côté de la domination sacerdotale. La Gaule kymrique ne fut qu’imparfaitement organisée. La Gaule gallique ne le fut pas du tout : elle échappa aux druides, et, par le Rhin, par les Alpes, elle déborda sur le monde.

C’est à cette époque que l’histoire place les voyages de Sigovèse et Bellovèse, neveux du roi des Bituriges, Ambigat, qui auraient conduit les Galls en Germanie et en Italie. Ils allèrent, sans autre guide que les oiseaux dont ils observaient le vol. Dans une autre tradition, c’est un mari jaloux, un Aruns étrusque, qui, pour se venger, fait goûter du vin aux barbares. Le vin leur parut bon, et ils le suivirent au pays de la vigne. Ces premiers émigrants, Édues, Arvernes et Bituriges (peuples galliques de Bourgogne, d’Auvergne, de Berry), s’établissent en Lombardie malgré les Étrusques, et prennent le nom de Is-Ambra[1], is-ombriens, insubriens, synonyme de Galls ; c’était le nom de ces anciens Galls ou Ambra, Umbriens, que les Étrusques avaient assujettis. Leurs frères, les

  1. Is-Ombria, Basse-Ombrie.