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CELTES ET IBÈRES

montagnard[1]), il aurait succombé si Jupiter n’eût suppléé ses flèches épuisées par une pluie de pierres. Ces pierres couvrent encore la plaine de la Crau, en Provence. Le dieu vainqueur fonda Nemausus (Nîmes), remonta le Rhône et la Saône, tua dans son repaire le brigand Tauriske qui infestait les routes, et bâtit Alesia sur le territoire Éduen (pays d’Autun). Avant son départ, il fonda la voie qui traversait le Col de Tende, et conduisait d’Italie par la Gaule en Espagne ; c’est sur ces premières assises que les Romains bâtirent la Via Aurélia et la Domitia.

Ici, comme ailleurs, les Phéniciens ne firent que frayer la route aux Grecs. Les Doriens de Rhodes succédèrent aux Phéniciens, et furent eux-mêmes supplantés par les Ioniens de Phocée. Ceux-ci fondèrent Marseille. Cette ville, jetée si loin de la Grèce, subsista par miracle. Sur terre, elle était entourée de puissantes tribus gauloises et liguriennes qui ne lui laissaient pas prendre un pouce de terre sans combat. Sur mer, elle rencontrait les grandes flottes des Étrusques et des Carthaginois, qui avaient organisé sur les côtes le plus sanguinaire monopole ; l’étranger qui commerçait en Sardaigne devait être noyé. Tout réussit aux Marseillais ; ils eurent la joie de voir, sans tirer l’épée, la marine étrusque détruite en une bataille par les Syracusains ; puis l’Étrurie, la Sicile, Carthage, tous les États commerçants annulés par Rome. Carthage, en tombant, laissa une place

  1. Alb, montagne, dans la langue gaélique. — Gor, élevé, en basque.