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HISTOIRE DE FRANCE

sans peine aux choses utiles ; ils sont susceptibles de culture et d’instruction littéraire. Forts de leur haute taille et de leur nombre, ils s’assemblent aisément en grande foule, simples qu’ils sont et spontanés, prenant volontiers en main la cause de celui qu’on opprime. » Tel est le premier regard de la philosophie sur la plus sympathique et la plus perfectible des races humaines.

Le génie de ces Galls ou Celtes n’est d’abord autre chose que mouvement, attaque et conquête ; c’est par la guerre que se mêlent et se rapprochent les nations antiques. Peuple de guerre et de bruit, ils courent le monde l’épée à la main, moins, ce semble, par avidité que par un vague et vain désir de voir, de savoir, d’agir ; brisant, détruisant, faute de pouvoir produire encore. Ce sont les enfants du monde naissant ; de grands corps mous, blancs et blonds ; de l’élan, peu de force et d’haleine ; jovialité féroce, espoir immense. Vains, n’ayant rien encore rencontré qui tînt devant eux, ils voulurent aller voir ce que c’était que cet Alexandre, ce conquérant de l’Asie, devant la face duquel les rois s’évanouissaient d’effroi[1]. Que craignez-vous ? leur demanda l’homme terrible. Que le ciel ne tombe, dirent-ils ; il n’en eut pas d’autre réponse. Le ciel lui-même ne les effrayait guère ; ils lui lançaient des flèches quand il tonnait. Si l’Océan même se

  1. Longtemps même après la mort d’Alexandre, Cassandre, devenu roi de Macédoine, se promenait un jour à Delphes, et examinait les statues ; ayant aperçu tout à coup celle d’Alexandre, il en fut tellement saisi qu’il frissonna de tout son corps, et fut frappé d’un étourdissement. (Plutarque.)