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ÉCLAIRCISSEMENTS

il nous enlève notre royaume, il nous estime comme rien ; il nous a accablés de maux : il est bien juste qu’il périsse. Et ce saint, ce pieux monarque, ils l’ont fait sortir de son palais ; Adalfieri l’a conduit au prétoire, et lui, il paraissait se réjouir de sa persécution comme un saint dans le martyre. Sado et Saducto sont sortis en invoquant les droits de l’empire ; lui-même il disait au peuple : Vous venez à moi comme au-devant d’un voleur avec des épées et des bâtons ; un temps était où je vous ai soulagés, mais à présent vous avez comploté contre moi, et je ne sais pourquoi vous voulez me tuer : je suis venu pour détruire la race des infidèles ; je suis venu pour rendre un culte à l’Église et aux saints de Dieu ; je suis venu pour venger le sang qui avait été répandu sur la terre. Le tentateur a osé mettre sur sa tête la couronne de l’Empire ; il a dit au peuple : Nous sommes empereur, nous pouvons vous gouverner, et il s’est réjoui de son ouvrage ; mais le démon le tourmente et l’a renversé par terre, et la foule est sortie pour être témoin du miracle. Le grand maître Jésus-Christ a prononcé son jugement : la foule des païens a envahi la Calabre ; elle est parvenue à Salerne pour posséder cette cité : mais nous jurons sur les saintes reliques de Dieu de défendre ce royaume et d’en conquérir un autre. »

sur les colliberts, cagots, caqueux, gésitains, etc.

On retrouve dans l’ouest et le midi de la France quelques débris d’une population opprimée, dont nos anciens monuments font souvent mention, et que poursuivent encore une horreur et un dégoût traditionnels. Les savants qui ont cherché à en découvrir l’origine ne sont arrivés, jusqu’à ce jour, qu’à des conjectures contradictoires plus ou moins plausibles, mais peu décisives.

Ducange dérive le mot Collibert de cum et de libertus. « Il semble, dit-il, que les Colliberts n’étaient ni tout à fait esclaves, ni tout à fait libres. Leur maître pouvait, il est vrai, les vendre ou les donner, et confisquer leur terre. — « Iratus graviter contra eum, dixi ei quod meus Colibertus erat, et poteram eum vendere vel ardere, et terram suam cuicumque vellem dare,