Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 1.djvu/446

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
388
HISTOIRE DE FRANCE

fusis necdùm dat terga terroribus. » (L. VII, Ep. ad Mamert.)

On a vu qu’Ecdicius repoussa les Goths ; l’hiver les força de lever le siège (Sidon., l. III, Ep. vii). Mais, en 475, l’empereur Népos fit la paix avec Euric, et lui céda Clermont. Sidonius s’en plaignit amèrement (l. VII, Ep. vii) : « Nostri hic nunc est infelicis anguli status, cujus, ut fama confirmat, melior fuit sub bello quàm sub pace conditio. Facta est servitus nostra pretium securitatis alienæ. Arvernorum, proh dolor ! servitus, qui, si prisca replicarentur, audebant se quondam fratres Latio dicere, et sanguine ab Iliaco populos computare (et ailleurs : … Tellus… quæ Latio se sanguine tollit altissimam. Panegyr. Avit., v. 139)… Hoccine meruerunt inopia, flamma, ferrum, pestilentia, pingues cædibus gladii, et macri jejuniis præliatores ! »

Ecdicius, ne voyant plus d’espoir, s’était retiré auprès de l’empereur avec le titre de Patrice. (Sidon., l. V, Ep. xvi ; l. VIII, ep. vii ; Jornandès, c. xlv.) — Euric relégua Sidoine dans le château de Livia, à douze milles de Carcassonne, mais il recouvra la liberté en 478, à la prière d’un Romain, secrétaire du roi des Goths, et fut rétabli dans le siège de Clermont (Sidon., l. VIII, Ep. viii). Lorsqu’il mourut (484), ce fut un deuil public : « Factum est post hæc, ut accedente febre ægrotare cœpisset ; qui rogat suos ut eum in ecclesiam ferrent. Cùmque illuc inlatus fuisset, conveniebat ad eum multitudo virorum ac mulierum, simulque etiam et infantium plangentium atque dicentium : « Cur nos deseris, pastor bone, vel cui nos quasi orphanos derelinquis ? Numquid erit nobis post transitum tuum vita ?… Hæc et his similia populis cum magno fletu dicentibus… » Greg. Tur., l. II, c. xxiii.

Malgré la conquête d’Euric, les Arvernes durent jouir d’une certaine indépendance. — Alaric, il est vrai, les enrôle dans sa milice pour combattre à Vouglé (507) ; mais on les voit pourtant élire successivement pour évêques deux amis des Francs, deux victimes des soupçons des Ariens, Burgundes et Goths : en 484, Apruncule, dont Sidoine mourant avait prédit la venue (Greg. Tur., l. II, c. xxiii), et saint Quintien en 507, l’année même de la bataille de Vouglé.

Les grandes familles de Clermont conservèrent aussi sans doute une partie de leur influence. On trouve parmi les évêques de Clermont un Avitus « non infimis nobilium natalibus ortus » (Scr. Fr. II, 220, note), qui fut élu par « l’assemblée de tous les Arvernes ». (Greg. Tur., l. IV, c. xxxv), et fut très populaire (Fortunat, l. III, Carm. 26). Un autre Avitus est évêque de Vienne.