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CARLOVINGIENS

n’était que de trouver assez d’habits blancs ; tel s’était fait baptiser trois fois pour gagner trois habits[1].

Aussi, pendant que Charlemagne croit tout fini, et baptise les Saxons par milliers à Paderborn, le chef westphalien Witikind revient avec ses guerriers réfugiés dans le Nord, avec ceux mêmes du Nord, qui pour la première fois apparaissent en face des Francs. Défait dans la Hesse, Witikind rentre dans ses forêts et retourne chez les Danois pour revenir bientôt.

C’était précisément l’année 778, où les armes de Charlemagne recevaient un échec si mémorable à Roncevaux. L’affaiblissement des Sarrasins, l’amitié des petits rois chrétiens, les prières des émirs révoltés du nord de l’Espagne, avaient favorisé les progrès des Francs, ils avaient poussé jusqu’à l’Èbre, et appelaient leurs campements en Espagne une nouvelle province, sous les noms de marche de Gascogne et marche de Gothie. Du côté oriental, tout allait bien, les Francs étaient soutenus par les Goths ; mais à l’Occident, les Basques, vieux soldats d’Hunald et de Guaifer, les rois de Navarre et des Asturies, qui voyaient Charlemagne prendre possession du pays et

  1. Un jour que l’on baptisait des Northmans, on manqua d’habits de lin, et on donna à l’un d’eux une mauvaise chemise mal cousue. Il la regarda quelque temps avec indignation, et dit à l’empereur : « J’ai déjà été lavé ici vingt fois, et toujours habillé de beau lin blanc comme neige ; un pareil sac est-il fait pour un guerrier, ou pour un gardeur de pourceaux ? Si je ne rougissais d’aller tout nu, n’ayant plus mes habits et refusant les tiens, je te laisserais là ton manteau et ton Christ. » Moine de Saint-Gall. — Les Avares, alliés de Charlemagne, voyant qu’il faisait manger dans la salle leurs compatriotes chrétiens, et les autres à la porte, se firent baptiser en foule pour s’asseoir aussi à la table impériale.