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HISTOIRE DE FRANCE

Il fut écrit dans une solitude, une liberté, une pureté, une haute tension d’esprit, rares, vraiment singulières. Sa candeur, sa passion, l’énorme quantité de vie qui l’anime, plaident pour lui auprès de moi, le soutiennent devant mon regard. La droiture de la jeunesse se sent dans les erreurs même. Les grands résultats généraux y sont, au total, obtenus. Pour la première fois paraît l’âme de la France en sa vive personnalité, et non moins en pleine lumière l’impuissance de l’Église.

Impuissance radicale et constatée deux fois.

On voit, au premier volume, l’Église, reine sous Dagobert et sous les Carlovingiens, ne pouvoir rien pour le monde, rien pour l’ordre social (an 1000).

On voit, au second volume, comment ayant fait un roi prêtre, un roi abbé, chanoine, son fils aîné, le roi de France, elle écrase ses ennemis (1200), étouffe le libre esprit, n’opère nulle réforme morale. Enfin éclipsée, dépassée par saint Louis, elle est (avant 1300) subordonnée, dominée par l’État.

Voilà la part certaine du réel dans ces deux volumes. Mais dans celle du mirage, de l’illusion poétique, peut-on dire que tout soit faux ? non.

Celle-ci exprime l’idée qu’un tel âge avait de lui--